Les artistes de Tlemcen et de sa région
Editeur : Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011
Date de parution: 2011
Nombre de pages: 155
Langue : Arabe - Français
Dans l’écriture de l’histoire de Tlemcen, on ne peut négliger le chapitre des arts car chaque période se détermine par le témoignage de multiples vestiges, aussi différentes les uns que les autre, attestant chacun d’une époque.
Depuis la nuit des temps, cette capitale Zianide ne cesse de donner naissance à des artistes qui ont tout d’abord excellé dans l’édification de mosquées, de medersas, de palais et qui ont aussi dessiné les plans de la vielle cité médiévale ou les arts décoratifs n’ont jamais manqué de déterminer une touche temporelle.
« Tlemcen, capitale de la culture islamique » est l’occasion d’une rétrospective de la peinture contemporain de la région, c’est aussi une manière de revenir sur les grands noms qui ont marqué l’univers de l’expression picturale avant et après l’indépendance.
L’inventaire des peintres de Tlemcen ne débute qu’à partir du début du vingtième siècle, les œuvres conservées relevant pour la plupart de ce qu’on nomme peinture de chevalet, à l’époque ou les arts authentiques de la région se limitaient aux arts dits mineurs.
Dans cette exposition en hommage aux grands peinture natifs de la région de Tlemcen, quatre grands volets rassemblent différents styles et différentes philosophies, allant de l’expression la plus directe aux dissertations graphiques et chromatiques qui interpellent et qui, par leur affirmation suscitent le dialogue, la projection ou tout simplement le silence … le choix de ce panorama n’est pas fortuit, c’est l’image même qui correspond à l’itinéraire de la peinture algérienne ses variétés et ses ouvertures au monde moderne, c’est néanmoins la lecture que nous pourrons faire en parcourant l’œuvre de Mesli Choukri , ce peintre de la génération des années trente.
Mesli Choukri s’inscrit dans un modernisme absolu, l’artiste se veut novateur, précurseur d’une peinture plutôt littéraire qui expose le corps à toutes les réflexions et à toutes libertés. Adepte du signe et de la géométrie primitive, sa peinture s’ouvre à la fois à l’authentique par les sujets et à l’universel par la composition ce créateure a toujours refusé l’expression statique, la précision graphique de son trait s’impose tel un discours ponctué par des idéogrammes.
Les scènes de vie, les portraits, les paysages du peintre Hemch Abdelhalim (1908-1979), sont une invitation au voyage en plein cœur de Tlemcen. Figurative et réaliste, l’œuvre de Hamch Abdelhalim est une image concrète de la vie citadine. Emplie de lumière, la cité se réveille sous chaque touche comme pour riposter aux orientalistes des années 40.
L’œuvre de Benmansour Abdallah (1929) est multiple ; entre calligraphie, portraits et paysages, des signes se glissent pour souligner le caractère originel d’une peinture dont l’inspiration est puisée de l’environnement direct de l’artiste.
Les périodes successive qu’a connu la peinture de Bachir Yelles sont représentatives du cheminement de l’action picturale en Algérie, tout d’abord miniaturiste, Bachir Yelles va basculer dans des techniques modernes. Premier directeur de l’école des beaux Arts, il mérite bien le titre de doyen , Bachir Yelles, né en 1921 a su concilier les différentes voies d’une pensée dépouillée de tout artifice. Certains critiques ne trouveront à sa peinture qu’un caractère figuratif, sans tenir compte de l’expression de ses personnages, de leur posture, de l’atmosphère et du récit qui se dégage de chaque œuvre , l’histoire est présente au travers des costumes, des scènes de vie, des paysages qui chantent tous ou presque tous, la ville de Tlemcen.
Chacun de ces artistes a contribué et contribue encore à l’édification d’un art authentique inspiré du tissu identitaire et dédié à tous les regards. La relève des années cinquante propose une première rupture, des idéaux tous neufs se profilent et se manifestent dés les première touches, l’l’influence du maitre se glisse furtivement mais la création prend le dessus.
Hami Bouheddadj (1948), peintre-sculpteur et Baghli Abdallah (1953), peintre-calligraphe font partie de la de la diaspora. Installés en France, ils contribuent à faire connaitre l’art algérien.
Les tons pastel de Mebarki Ahmed (1950), ses formes à la fois cubiques, enchevêtrées et surtout les thèmes qu’il aborde inscrivent l’artiste dans le registre de l’expression contemporaine, dite actuelle. Quelquefois s’échappe de ses toiles la nostalgie du figuratif, rattrapée très vite, par des détails ou des suggestions.Mebarki Ahmed se détourne de l'académisme, il se créer une voie singulière et se distingue par ses jeux de violacés, de bleutés et d’une dominante peu commune dans des rosés nuancés.
En région du grand tlemcenien, à Maghnia, « la bande des quatre » : Mahboub Abdelkader, Hamidi Ahmed, Sonadji Mustafa et Arzazi Abdelkader, constitue un quatuor qui partage la même représentation du monde. Ces quatre peintres inséparables depuis l’année 1980 sont animés d’une même ardeur pour l’art affranchi. Expressionnistes à l’exemple d’Issiakham, ils taquinent la mémoire du passant. Des touches en taches et des taches qui fusionnent sont le propre des inséparables de Maghnia qui parcourent galeries et espaces nationaux et internationaux.
La jeune peinture de Tlemcen est représentée par des plasticiens fraichement sortis des écoles régionales des beaux Art de Mostaganem, Oran et Sidi Belabes. Quelque noms émergent par leurs expositions : Hadj Kacem Fethi et Benazzouz Nourddine, Selka Abdelouaheb et Talbi Abdellah.
Leurs maitres incontestés, directeurs ou enseignants dans ces établissements : Hachemi Ameur, Djeffal, Chender, Benbouta, Mekki, Belhachemi Amer, Morcelli Abderrahman, Belkhorissat et bien d’autres encore.
Les artistes de Tlemcen s’expriment tous pour un essor de l’art en Algérie, certains d’entre eux ont ouvert des espaces d’expositions dédiés à la promotion des jeunes talents, et contribuent concrètement à l’écriture de l’histoire de l’art du pays.