
Mesli l'Africain - Mesli the African-
Editeur : MAMA éditions
Date de parution: 2009
Nombre de pages: 50
Langue : Arabe - Français - Anglais
On retrouve chez tous les artistes algériens, modernes ou contemporains, les empreintes de l’Afrique, présentes de manière directe ou indirecte dans les formes, les couleurs ou les sujets de leurs œuvres. Mais affirmer cela revient a s’inscrire dans l’évidence la plus élémentaire. En effet, l’Algérie est géographiquement ; géologiquement, historiquement, culturellement et humainement africaine.il n’y a donc rien d’étonnant n’a ce que ses artistes se prévalent des sources patrimoniales du continent. Cependant, quelques artistes y ont été plus enclins que d’autres. Et, parmi ceux-ci, il ne fait pas de doute que Choukri Mesli figure en tête.
L’Afrique a toujours habité Mesli, telle une lumière intérieure, une balise intime. C’est donc dans cette voie qu’il a creusé le sillon de son expression, retournant de son soc créatif une terre lourde de sens.une terre aussi ou se sont célébrées toutes sortes de noces :la fête et la tragédie, la faim et la générosité, la liberté et l’oppression…..une terre enfin sur laquelle se sont abattues toutes les convoitises du monde.Et,dans le destin foisonnant de cette terre, où l’histoire a le plus souvent convoqué la douleur, l’art a toujours été au rendez-vous, avec une grande vitalité, présent dans les moindres gestes et accessoires du quotidien comme dans les expressions « proprement » artistiques.
Comme la plupart des pionniers de la peinture moderne algérienne, Choukri Mesli a reçu une formation académique européenne qui lui a apporté des bases et des références. Tout cela l’intéressait prodigieusement et ouvrait en lui de nouveaux horizons artistiques. Mais, du même coup, il a pu mesurer le fossé qui pouvait exister entre un savoir d’esthète et une passion d’artiste, entre un regard externe et une pulsion créative authentique.
C’est donc essentiellement en dehors de l’école des beaux-arts de paris, dans le bouillon des nouvelles tendances et écoles qui écumaient la capitale française, qu’il a commencé a percevoir la révolution qui se profilait alors :l’affirmation de l’art moderne, les prémices du contemporain, et surtout l’ébranlement d’une vision européocentriste. On était désormais en droit de créer a partir de ce qui faisait vibrer du coté de la liberté.
Or, la liberté était, chez Mesli,une préoccupation essentielle, Né dans une famille qui l’avait élevé dans la conviction nationaliste, engagé très jeune pour l’Independence de l’algérie,il cherchait a concilier ses pratiques artistiques avec ses convictions.ses recherche l’ont donc naturellement mené vers le patrimoine pictural maghrébin et, de la, vers son ensemble continental d’appartenance :l’Afrique .l’explosion illimitée des couleurs et la dominante des couleurs chaudes, l’exubérance des formes lancées dans l’espace créatif avec une violence de passion, l’imbrication picturale et quasi-charnelle des êtres et de leur environnement, c’est ainsi qu’il a construit son propre univers créatif ou l’Afrique, loin d’être un prétexte esthétique, constituait un principe éthique. ce n’est donc pas fortuitement qu’il s’est retrouve parmi les fondateurs en 1967,a Alger, du mouvement Aouchem qui proclamait la nécessité d’une rupture avec l’héritage classique européen, et une reconnexion avec la filiation ancestrale des arts populaires sur la voie des signes qui marquent encore la peinture algérienne. Ce n’est pas moins fortuitement que ce mouvement a vu le jour deux ans avant le premier Festival panafricain d’Alger et en a été, en quelque sorte, un signe avant-coureur.
Enfin, une dernier chose rend Mesli particulièrement attachant : les longues années qu’il a consacré –parfois au détriment de son art-a la formation des nouvelles génération de peintres. Ce sacerdoce est aussi à verser au crédit de l’immense reconnaissance que nous lui devons.
C’est dire que la présente exposition, est autant un hommage a l’un des peintres algériens les plus émérites et les plus originaux, qu’un parcours, a traverse lui, d’un pan énorme et passionnant de la jeune histoire de notre peinture et de celle du continent.