Auteur : Musée public national d’art moderne et contemporain d’Alger

Editeur : Alger, capitale de la culture arabe 2007

Date de parution: 2007

Nombre de pages: 95

Langue : Arabe - Français

On rattache souvent l’art à l’inspiration, considérée presque comme un souffle extérieur a l’auteur ou une influence inexpliquée qui lui serait donnée par pur hasard ou coïncidence. Ainsi, oublie-t-on souvent le travail de recherche par lequel l’artiste s’efforce de construire son univers au prix de nombreux et parfois douloureux tâtonnements, renoncement, modifications et transformations.

Cet aspecte la création artistique est la marque de la sincérité. Elle se retrouve chez des peintres, sculpteurs et autres créateurs qui ne craignent pas de prendre des risques et de remettre en cause sans cesse leurs propres résultats. En refusant de s’installer dans une vision, une manière ou une mode, en acceptant le vertige du renouvellement constant, ils apportent à leur société des productions qui permettent d’interroger l’art mais également le monde.

 Malek Salah appartient sans doute à cette catégorie et, dés ses débuts, il s’est positionné dans une démarche résolument courageuse qui incarne les valeurs créatives de l’art contemporain. C ‘est cette démarche que nous avons voulu mettre en relief et, a travers elle, un exemple parmi d’autres de vitalité de la peinture algérienne qui a su prolonger la percée d’une poignée de pionniers, apparus dans les années cinquante, en lui donnant, a travers une nouvelle génération d’artiste, à la fois une justification et un dépassement. Justification de l’œuvre de ces grands noms que furent par exemple ceux de Baya, Guermaz, Issiakhem, Khedda, qui entrèrent dans l’art moderne avec une audace inimaginable pour les représentants d’un peuple qui avait découvert, a peine quelques décennies auparavant, la peinture de chevalet introduite par la colonisation avec le souci de la réserver aux siens. Dépassement car il n’est sans doute pas d’art qui ne puisse  s’affirmer sans réponse au besoin d’évolution, voire de rupture, et ce, au diapason de son époque.
 
 Au delà de cette filiation national, les œuvres de Malek Salah s’inscrivent clairement dans le sillage de la peinture universelle dont l’aventure créative est porteuse d’enseignements et de propositions d’une diversité étonnante. A ce titre, le travail de ce peintre apparaît comme emblématique de la vision que l’art algérien  actuel entend se donner et qui se fonde sur un double ancrage : celui de l’enracinement et celui de la recherche.

Il s’agissait également de donner à Malek Salah un espace d’expression à la mesure de sa créativité et de son talent, en Algérie même ; ou il est né et a pris son essor artistique avant d’aller au devant du monde pour confronter ses créations et soumettre son travail au regard des autres. Il y a glané des distinctions, une reconnaissance et une confirmation de son besoin d’aller toujours plus loin en se plaçant au cœur des enjeux internationaux de l’art.

Revenu depuis plusieurs années au pays, il mérite une telle exposition dans le cadre du futur Musée national d’art moderne et contemporain d’Alger dont le projet, outre l’objectif de conservation et de diffusion de l’art, consiste essentiellement à encourager les nouveaux artistes algériens.

 Sa présente exposition, s’appuyant sur le mythe o combien puissant et significatif de Majnoun Leila, coïncide remarquablement avec l’événement Alger 2007, capitale de la culture arabe dont l’esprit tout entier est tourné vers cette réappropriation des patrimoines dans une vision respectueuse des legs et par des formes créatives audacieuses.

 L’artiste par une expression plastique englobant plusieurs disciplines – la peinture, la sculpture, la photographie mais aussi la vidéo – a investit cette légende de son émotion et de son regard pour lui conférer une dimension originale et nouvelle qui la resitue pleinement dans sa modernité et son universalité.