Le patrimoine culturel oral et immatériel de l’humanité en pays d’islam
Editeur : Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011
Date de parution: 2011
Nombre de pages: 315
Langue : Arabe, Français
Le patrimoine immatériel fait de musiques, de productions littéraires, de cérémonies et rituels, de gestes et gestuelles est conservé grâce à la sollicitation de la mémoire, de la mémoire individuelle mais surtout de la mémoire sociale et /ou de la mémoire collective. Il exprime l’univers culturel et symbolique des communautés culturelles qui en connaissent l’essence et en savent parfaitement le sens. Ce sont elles qui le perpétuent et le reproduisent en le reproduisant, invariant et transformé tout à la fois.
Il s’agit donc d’une production toujours à l’oeuvre, évolutive, cumulative et structurée par les cosmogonies, les visions du monde, les mythes, les croyances, les aspirations, mais aussi par l’histoire, les récits et les mythes de fondation, mais aussi par le vécu, le regard sur soi, le sens voulu et donné à la destinée par les communautés elles-mêmes. Le patrimoine immatériel contient les oeuvres sociales, les oeuvres de l’esprit et les œuvres anthropologiques qui toutes rendent compte avec des génies propres, des manières spécifiques, des accents particuliers d’histoires, de parcours et d’itinéraires toujours singuliers qui, mis en commun et en symbiose, font les identités des peuples et des nations.
Les mutations profondes et rapides que vivent nos pays, les changements fondamentaux qu’elles apportent, tout en étant incontournables, parce que se situant pour beaucoup d’entre elles dans le sens des exigences de l’époque, sont en train de modifier considérablement les paysages culturels et humains des pays. L’uniformisation qu’impose la mondialisation, l’oubli, le désintérêt, parfois l’obsolescence, la désincarnation souvent, happent chaque jour par pans entiers, les trésors de la tradition, de la culture traditionnelle et de la culture tout court. Ces processus d’érosion sont vécus par les populations souvent de manière inconsciente, comme allant de soi , comme le prix à payer à l’installation du « progrès » ; ils sont appréciés, par contre, par les porteurs, les praticiens et les créateurs, douloureusement, comme une fatalité irréversible, comme une fin de mondes.
Les femmes et les hommes sensibles à l’importance de ces patrimoines et à l’appauvrissement qu’entrainerait leur perte, les chercheurs dont la vocation est l’étude et la recherche sur ces patrimoines, les institutions internationales dont la charge est de les préserver, les pouvoirs publics nationaux dont la responsabilité est de les protéger, se doivent de mettre en symbiose leurs volontés, en commun leurs moyens, en oeuvre leurs actions afin de déterminer des visions et des politiques visant tout à la fois, la préservation, la conservation, la promotion, la revitalisation, et la transmission de ces savoirs, savoir-faire et pratiques.
Le travail effectué par les pays musulmans auprès des instances internationales comme l’UNESCO pour faire adopter la convention portant sauvegarde du patrimoine culturel oral et immatériel a été salué par toutes les instances internationales car plus que quiconque, les pays musulmans connaissent les risques qu’une mondialisation synonyme d’uniformisation planétaire fait courir à la permanence de nos cultures. Le monde musulman a fait prendre conscience à l’humanité que si elle veut conserver son caractère pluriel, fécond, créateur, en un mot humain, elle se doit de tout faire pour conserver et assurer la mise en circulation sociale de tous ces trésors qui nous font ce que nous sommes.
Pour cette raison, l’Algérie est fière d’accueillir cette exposition du patrimoine culturel oral et immatériel car elle entend montrer, faire connaitre et aimer, à l’occasion de « Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011» les éléments du patrimoine musulman que l’humanité entière reconnait comme étant des legs, des héritages inestimables dont la portée et le sens pour nos peuples est de l’ordre de l’ontologique, c’est-à-dire de l’être au monde.