L'art islamique, dans la collection Calouste Gulbenkian
Auteur : Maria Fernanda Passos Leite, Maria Queiroz Ribeiro
Editeur : Alger, capitale de la culture arabe 2007
Date de parution : 2007
ISBN : 978-972-8848-44-6
Dépôt Légal : 266 152/07
Nombre de pages : 126
Langue : Français, Arabe
Si l’on devait retenir une définition fidèle et efficiente de la magnificence, sans doute suffirait-il de donner à voir les objets d’art islamique de la prestigieuse collection Calouste Gulbenkian. On y retrouve la quintessence de l’esthétique telle qu’elle fut développée à l’apogée de la civilisation musulmane.
Sur la base d’une immense œuvre de synthèse et d’enrichissement des concepts de beauté et des techniques alors en vigueur, les artistes musulmans ont su insuffler à leurs créations la force spirituelle qui les animait. Cette rencontre entre une foi neuve et novatrice, une curiosité sans limite pour le monde et des talents éprouvés, a donné naissance à des merveilles. Ainsi se sont croisés les héritages de plusieurs civilisations antérieures et les cultures de plusieurs continents pour lesquels l’islam exerça un rôle indubitable de rassembleur et de catalyseur. Ainsi se sont mêles la précision, la qualité d’exécution et les élans de l’imagination, provoquant un dialogue étonnant et dénué de toute agressivité entre tradition et innovation. Ce fut une ère bénie de l’art et des artisanats, sans que l’on puisse souvent déterminer ou commençait le premier et ou finissaient les seconds, tant leurs limites se fondaient dans l’excellence.
En accueillant aujourd’hui à Alger les pièces d’art islamique de la collection Calouste Gulbenkian, on ne peut que relever la connaissance et l’admirable gout de son initiateur dont l’intérêt pour ces œuvres ne peut être soupçonné de parti pris puisqu’il n’était pas musulman et que sa collection, conçue comme un bréviaire de la beauté universelle, englobe également les arts européens et asiatiques. Amateur d’art, particulièrement éclairé, Gulbenkian disposait en outre de moyens financiers conséquents en sa qualité de pionnier de l’exploitation pétrolière au Moyen-Orient. Cette conjonction entre sa fortune personnelle et son amour sincère de l’art- disposition que l’on souhaiterait bien plus fréquente dans le monde des affaires- lui a permis notamment de créer en 1956, à Lisbonne, la fondation qui porte son nom et d’assurer ainsi à sa riche collection une longévité et une diffusion bénéfique à la culture universelle.
Ce mécène a su, notamment, constituer un ensemble parfaitement représentatif des arts islamiques. On y retrouve les principales écoles et leurs déclinaisons de styles et de genres : persane, syrienne, turque, irakienne…de même, la diversité des pièces rend compte admirablement de leurs usages, qu’ils soient de caractère sacré, décoratif, profane ou usuel. Enfin, et surtout, pratiquement tous les supports figurent dans l’ensemble : carreaux de faïence, objets de céramique, arts du bois peint et sculpté, tapisseries et soieries, vêtements, miniatures, enluminures, calligraphies, manuscrits regroupant ces trois dernières disciplines…un véritable bouquet en apothéose dont on sent d’emblée l’attention et la minutie investies pour le composer.
L’inscription de cette manifestation dans l’événement Alger 2007, capitale de la culture arabe, est de nature à enrichir notre perception des interactions fécondes entre les arts des différentes nations entrées dans l’islam. Cette aire de brassage artistique qui s’est étendue à partir du noyau du monde arabe a rayonné au delà de celui-ci, des confins de l’Asie, au cœur de l’Afrique et aux portes de l’Europe. Et c’est sans doute dans cet esprit d’ouverture et d’échanges que cette leçon du passé prend une actualité aussi précieuse à nos yeux que les pièces qu’il nous est donné d’admirer ici, et ce, grâce à la disponibilité de la fondation Gulbenkian, au travail de l’Agence Algérienne de Rayonnement culturel et à l’ensemble des institutions et personnes qui se sont dévouées.